THE UNIVERSE PART II: Exposition collective

27 Janvier - 17 Mars 2018
« Un » parmi l’infinité des mondes qui regardent les autres - chacun étant unique et faisant partie de la même mosaïque universelle. L’Univers - s’étendant à l’infini, en suspension dans nos esprits, est l’infini en nous. »
 
Uman, artiste transgenre, autodidacte, offre une contemplation vivante de l’immensité radicale de l’univers qui, à son tour, « embrasse et unit tous les genres et toutes les nationalités ». Alors que la plupart des artistes outsider ont tendance à pencher vers le figuratif, le travail d’Uman occupe un domaine plus abstrait, bien qu’il ne soit pas académique ou conceptuel. Aussi, bien que, souvent, la description professionnelle du travail d’un artiste émergent inclue techniques, influences, mouvements et autres jargons artistiques, d’aucuns s’accordent à dire que le travail d’Uman relève davantage du domaine du sensible, du mystère, de l’insaisissable, et suscite un sentiment d’enchantement émotionnel qui défie l’explication logique.  
 
Uman trouve son inspiration dans la nature - il peint à même l’herbe, de manière spontanée, ses formes abstraites sont inspirées de figures tels que les oiseaux ou les feuilles. Sur cette préférence pour les formes abstraites, Uman dit que c’est « juste arrivé comme ça. Tout part de quelque chose de figuratif et je le change en une non-image. Je ne peux pas vraiment l’expliquer. Vous devez creuser profondément à l’intérieur de vous, que ce soit pour faire jaillir la peinture ou utiliser une brosse et entrer en transe, tout en ajoutant et en soustrayant des éléments jusqu’à ce que vous ayez l’impression que c’est finalement quelque chose. »
 
Viscéral et poétique, enraciné dans une expérience autobiographique spécifique - une enfance et une adolescence passées au Kenya et en Somalie, et une migration subséquente en Europe puis aux États-Unis - le travail d’Uman soulève un ensemble complexe de questions concernant la mémoire, l’identité et le genre : les constructions restent fluides, constamment en mouvement. Les peintures à grande échelle, ostensiblement abstraites - généralement peintes sur des toiles de lin ou de coton non étirées - sont directement inspirées par les changements saisonniers esthétiques (et psychologiques) du paysage dans l’État de New York où l’artiste est actuellement basé. « Je reviens toujours aux mêmes couleurs de mon enfance. La plupart des femmes au Kenya ont des robes très colorées, très terre-à-terre. Des couleurs que je retrouve parfois dans le ciel enflammé par un soleil couchant ». 
 
Uman ne se tourne vers la peinture que vers l’âge de 30 ans  et son utilisation intuitive et sophistiquée de la couleur lui vaut immédiatement l’attention de personnalités du monde de l’art contemporain. « Les couleurs, comme des oiseaux, le geste, comme une partition de musique.» observe Anne de Villepoix. Uman a également été très influencé par une enfance au sein d’une famille musulmane stricte où l’écriture quotidienne du Coran sur de longues planches à l’encre noire lui a donné le goût du geste fluide. 
 
Sont présentées, dans le cadre de cette exposition, les peintures les plus représentatives de cette force vive, des peintures riches, colorées, vibrantes, à l’image de cet artiste hors « normes ». 
La première partie de The Universe est actuellement présentée, dans le cadre d’une exposition de groupe, au Fort Mason Center for Arts and Culture, par la For-Site Foundation, à San Francisco, en Californie, jusqu’au 11 mars 2018. 
 
Uman, né en 1980, vit et travaille dans l’État de New York et est affilié au «137 Artists Collective», un studio d’art new-yorkais créé par Annatina Miescher, une psychiatre praticienne née en Suisse et basée à New York. Uman a collaboré avec l’artiste Bjarne Melgaard pour des expositions à la galerie Ramiken Crucible de New York et à l’Institute of Contemporary Art de Londres, en 2012. Plus récemment, le travail d’Uman a été présenté en solo show par la galerie White Columns, à New York, en 2015.
 
Qu’est-ce que la matière? Quelle relation tisse-t-elle avec l’humain?
 
Des coups et des noeuds
« Des morceaux de fer passent dans la forge. À la sortie, ils sont rouges et deviennent malléables. Je saisis rapidement l’occasion pour procéder à leur transformation par des coups de marteaux… Je m’amuse avec le feu. Il y a du bruit, il y a du poids, il y a de la chaleur… Je m’amuse à compter les coups de marteaux. Et je m’amuse à « écrire» à partir de ces formes l’alphabet d’une langue imaginaire. »
 
Akossiwa, Caution deux-bandes
 
« C’est l’une des formes que je m’amusais à réaliser, enfant, avec des feuilles de papier en partant de simples pliages et découpes aux ciseaux. Alors, mon exercice consisterait-il donc, à partir de ces manipulations infantiles de la matière, à obtenir une forme sculpturale plus complexe ? Et si le matériau « feuille de papier » avait dû grandir autant que moi, que serait-il devenu aujourd’hui ? Des rouleaux de cuivre sont pris dans des formes occasionnées par les mêmes gestes de l’enfance. Ces formes, déformées de manière monumentale, en opposition à la forme miniature en papier, subiront plusieurs actions telles que : la torsion, la tension, l’étirement, le découpage, la pression. » 
 
Monstonson, Laboratoire XXVI
 
« Dans ma pratique l’élément en tant que matière m’interpelle. En effet, je prends deux ou plusieurs matières d’essences différentes (comme le bois, le sable et le caoutchouc, par exemple), je procède ensuite par des expérimentations en donnant forme à l’ensemble quelles forment. Elles cohabitent, elles se rejettent, elles s’épousent et elles fusionnent. Dans cet état de réaction permanente des matières, la forme créée passe de l’état objet à l’état sujet. Elle respire, se meut, vie et communique. Elle existe désormais et questionne l’humain sur les notions de son existence dans le temps et l’espace. »
 
Paysages
 
Des toiles, d’apparence abstraites, révèlent des lignes dont le tracé régulier, ou non, projette une cartographie accidentée, où la matière s’étire ou se contracte, se fluidifie ou se densifie. Pour ces tableaux, qui sont en réalité des « sculptures planes », Ferdinand  fait appel à des souvenirs sensoriels, intimes : il utilise le sable qui lui rappelle celui de son enfance, lorsqu’il jouait au football, pieds nus sur la plage, à Lomé. L’encre de chine intervient comme métaphore de l’écrit et du pérenne. Elle apporte un peu de profondeur, de sens, comme un fil d’Ariane, un trait de mémoire ou un chemin traversant ces cartes de territoires imaginaires. Nouveaux continents, nouvelles vies, mélange de l’ancien et du nouveau, mélange de matériaux naturels et de matériaux chimiques, le sable se mêle au néoprène, le sain au toxique. Les toiles sont les supports d’expériences, de rencontres des substances et des matériaux. L’artiste perd le contrôle, la matière réagit et continue à travailler toute seule. 
 
 
Ferdinand Makouvia est un artiste né en 1989 à Lomé, au Togo. Il arrive en France en 2014 et intègre l’Ecole des Beaux Arts de Valenciennes puis de Paris. Révélation Arts Plastiques 2017 du 62ème Salon de Montrouge, il est lauréat de la deuxième édition du prix d’art contemporain  Juvenars - IESA, Lauréat des Prix ‘Dauphine pour l’Art Contemporain’ et des ‘Amis des Beaux-Arts Aurige Finance’. Il vit et travaille à Paris.

Avec les oeuvres d'Uman et de Ferdinand Makouvia.