La galerie Anne de Villepoix est heureuse de présenter la première exposition personnelle de Souleimane Barry « L’imaginaire ».
Né en 1980 au Burkina Faso, Souleimane Barry garde le souvenir d’une enfance libre et heureuse à Bobo Dioulasso. Sa curiosité et son imagination l’amènent à dessiner et à bricoler dès son plus jeune âge. En rentrant en CP, son père, enseignant, lui fait prendre des cours de calligraphie auprès d’un peintre dessinateur réalisant des panneaux publicitaires. Chaque commerce ayant, à l’époque, ce fameux panneau de bois peint à la main comme enseigne à l’entrée de sa boutique. Il est ainsi formé pendant ses grandes vacances estivales à réaliser des panneaux publicitaires. Cette première initiation lui permet de développer sa pratique et aiguise son appétence pour le dessin. Jeune adulte, au début des années 2000, il en fait son premier métier en arrivant dans la capitale Ouagadougou puis en sillonnant les routes du Burkina Faso. Une autre rencontre marque le cours de son apprentissage. Entre 2004 et 2006, il suit des ateliers de dessin au Centre Culturel Gambidi, au temps où l’homme de théâtre Jean-Pierre Guingané y donnait ses cours. Il se perfectionne grâce à des cours académiques en apprenant différentes techniques de l’aquarelle au dessin en passant par la peinture à l’eau. Il multiplie les expériences, tant dans l’univers des festivals où il s’implique dans la régie son que dans les cours de dessin du Centre Culturel Français à Ouagadougou qu’il fréquente également. Cette période le porte dans sa réflexion et lui permet de diversifier sa manière d’appréhender sa création.
Il considère son travail comme expérimental, le fruit de son imaginaire influencé par son quotidien.
Évitant tout conformisme, il « installe ses éléments sans se poser de question ». En ce sens, il admire particulièrement deux des plus grands artistes du XXème siècle, Jean-Michel Basquiat et Francis Bacon pour leurs besoins d’extérioriser de tumultueuses émotions. En utilisant la technique de l’aquarelle à la peinture acrylique ainsi que des pigments naturels, voire du collage, Souleimane Barry, se laisse porter par la matière, laissant échapper des formes et des représentations vagues retravaillées selon ce qu’il cherche à explorer. Sa source d’inspiration reste l’homme peint dans sa pluralité. Il affectionne particulièrement le portrait car propice à l’expression des émotions. Sa série de portraits Visage Anonyme en témoigne par la sensibilité avec laquelle Souleimane Barry restitue la profondeur d’un sentiment. Reflet de l’âme, les émotions transcrivent tout autant notre humanité que notre identité propre. L’artiste souhaite essentiellement dépeindre notre condition d’homme dans un certain universalisme mais également dans sa singularité, chaque individu évoluant dans un environnement culturel et social distinct. À l’instar de son œuvre Traditions qui met en scène un homme entouré d’un poulet et d’un certain nombre de références animistes comme l’autel de sacrifice ou le totem clouté. Ces codes culturels et religieux ont une symbolique forte qui résonne différemment selon les individus qui les appréhendent.
Résidant en France depuis un certain nombre d’années, l’artiste confronte les acquis et les fondements culturels dans lesquels il a grandi au Burkina Faso à une réalité autre, celle de son quotidien, riche de ses rencontres. Le fait de voyager, de se déplacer mais aussi de s’être expatrié intensifie son univers, l’artiste tend vers un dialogue métissé qui interpelle aisément un large public. Un exercice que Souleimane Barry apprécie particulièrement, est celui de pouvoir échanger avec ce public face à ses œuvres. L’intrigante différence de perception entre un public européen et la sienne l’interroge mais lui permet aussi de poursuivre une certaine réflexion sur le sujet qui l’importe : l’homme dans sa diversité.
Armelle Dakouo
Directrice artistique – AKAA Art & design fair