Face-to-Face - Traversées Africaines: Exposition collective

12 Mai - 15 Juin 2021
À l’occasion de « Traversée Africaine », la galerie présente une exposition collective « Face to Face » qui regroupe cinq artistes femmes avec Marielle Plaisir, Atsoupé et Xiomara de Oliver, Uman et Tuli Mekondjo du 12 mai au 15 juin 2021.
 
Élément essentiel de leur l’identité, chacune des artistes explorent la question de la femme et nous dévoile les limbes de leur inconscient. Dans cette exposition, le corps et le féminin deviennent des lieux expressifs et subjectifs, un terrain de liberté totale de création. Tour à tour, elles convoquent le corps et l’esprit, la femme fantasmée, l’histoire, l’identité culturelle et la solitude. A chacune appartient sa symbolique, sans contraintes de temps ni d’espace, elles proposent de nouvelles visions de l’iconographie féminine, multiples et colorées. Les pratiques de la peinture, du collage, l’aquarelle, de la couture sont autant d’outils qui leur permettent une réappropriation des canons et schémas de représentations traditionnels.
 
Les œuvres d’Atsoupé, artiste d’origine Togolaise, constituent un apparent paradoxe entre enfance et souffrance qui les rendent particulièrement uniques. Ces figures anonymes, ornées de laine, imprègnent les papiers dans des palettes étonnantes et maîtrisées. Comme magnifiées, elles prennent vie dans des bleu de Prusse, des rouges carmin, des verts de jade qui se superposent et se mêlent dans des lavis virtuoses. L’artiste déploie une grande puissance expressive dans ces visages inconnus, qui scrutent notre monde avec une profonde mélancolie.
 
Uman, lui aussi, explore le visage et l’âme dans toute sa complexité́ . Artiste afro-américaine, transgenre, elle porte son imagination haute en couleur comme un étendard, et invite à s’engouffrer dans l’inconnu, l’étrange. Se libérant des fantômes du réel et de l’histoire de l’art, l’artiste fait naître sa série, sombre métaphore : « TWOC (Trans Women of Color ») ». Un ensemble de portraits de femmes transsexuelles, clownesques émergent de l’ombre et vous regardent comme pour dénoncer non sans gravité l’image qui leur est attribuée.
 
Née dans un camp de réfugiés en Angola dans un contexte de guerre, les œuvres de Tuli Mekondjo, artiste namibienne, explorent des questions d’identité et d’histoire, par le mélange de divers techniques et matériaux : la broderie, la peinture, le collage, la résine et du mil mahangu (aliment de base en Namibie). À la manière du Douanier Rousseau, des formes humaines se dissimulent sous des linceuls et émergent au milieu d’une splendide végétation. Les oeuvres portent une couture centrale, une cicatrice discrète que l’œil peine à découvrir. Inspirée par la peinture italienne de la renaissance, certains de ses personnages portent l’auréole dans une lumière sublime et poétiques proche du « chiaroscuro ».
 
Dans l’œuvre de Xiomara De Oliver, la question de l’identité prime, elle examine le contexte historique à travers la peinture, à la recherche d’archétypes qui propulsent les corps de femmes amazones dans une peinture incarnée et sensuelle. De Oliver aborde les problèmes contemporains liés à la race, au genre et à l’identité, créant des images qui manifestent une perversion des constructions sociales perçues, de l’érotisme, des fantasmes et des récits liés aux femmes. Ses œuvres nous enivrent de couleurs qui du vert pâle au rouge profond se révèlent être des terres d’accueil pour des vénus aux carnations sublimées.
 
Enfin, la série de dessins de l’artiste caribéenne Marielle Plaisir est une variation de corps et de mouvements. Ses danseurs solitaires s’animent au mileu d’explosions de matières : encre, fil doré et pierres swarovski se déploient sur le papier. Equilibriste de la couleur, l’artiste travaille sur des mélanges de vie et de fiction dans des récits personnels et des récits historiques des Caraïbes touchant des thèmes universels comme le pouvoir, la domination et les préjugés, le corps et femmes.
 
Par un processus à la fois intime et généreux, ces cinq artistes expriment de manière parallèle et croisée leur rapport ambigüe à la figure. D’une œuvre à une autre apparaissent les vénus archétypées de Xiomara de Oliver, les danseuses sublimées de Marielle Plaisir, l’univers burlesque des créatures hybrides de Uman, les visages mélancoliques d’Atsoupé et les corps voilés de Tuli Mekondjo. 
 
Barbara Lagié
 
Avec les oeuvres de Atsoupé, Tuli Mekondjo, Marielle Plaisir, Xiomara di Oliver et Uman.